Le soleil bas inonde le bureau de ma copine, couvert -c'est son métier- d'articles sur le zéroglottisme. en particulier tout un numéro de babylonia, sur l'attrition de la langue-le revers de la médaille du plurilinguisme. Ça comence bien: attrition... pour moi ça veut dire résistance de la matière, usure. Alors que Sprachverlust, perdita : nous y voilà!
Mais je voulais parler d'autre chose. Je voulais parler de l'homme du train. Du très très bel homme dans le train. Il lisait un journal gratuit germanophone, si concentré qu'il ne levait pas les yeux. J'en ai profité. Sa beauté était de celles qui accueillent, tranquille. Pas une petite affaire. Des os larges, des espaces définis, tout en lui calme et précis. Un repos qui n'excluait rien.
Bref trajet, gare terminale. Je suis descendue avant lui. Je n'ai pas sa patience.
Sur le panneau d'affichage, j'ai trouvé ma correspondance. Je me suis retournée: il était derrière moi, mon cahier à la main.
"C'est à vous ça? Je l'ai trouvé sur la banquette"
Sa voix lui allait bien.
""Oui! Merci!... Vous me sauvez la vie."
Il a souri, est reparti.
Ce cahier contient six mois de notes pour un nouveau film.
Trouver, perdre, retrouver.
Quelque chose en moi est prête à prendre plus de risques que je l'aurais imaginé.
Feb 25, 2009
Subscribe to:
Post Comments (Atom)
No comments:
Post a Comment