"Toute la matinée, en attendant cette auto, nous avions erré dans la villa et dans le jardin, parlant, regardant les montagnes. Je n'avais été seule avec Rosetta qu'une seule fois; elle m'avait menée en haut, sur une terrasse où, me dit-elle, quand elle était enfant, elle s'enfermait des heures et des heures pour lire et pour regarder la cime des arbres. Là-bas, c'était Turin, me dit-elle, et les soirs d'été, de ce petit coin, elle pensait aux pays, au bord de la mer, où elle avait été, à Turin, à l'hiver, aux visages nouveaux qu'elle connaîtrait un jour.
"Ils sont souvent trompeurs, lui dis-je, vous ne croyez pas ?
- Il suffit de les regarder dans les yeux, dit-elle. Dans les yeux, il y a tout.
- Il y a un autre moyen, lui répondis-je: travailler avec eux. En travaillant, les gens se trahissent. Il est difficile de tromper quelqu'un dans le travail.
- Quel travail?" dit-elle."
30 pages plus loin:
"Il n'y a que les métiers que l'on fait parce qu'on a faim que l'on abandonne pas, dit Rosetta, je voudrais avoir à gagner ma vie en tricotant.
Febo lui dit qu'il ne suffit pas d'avoir faim pour réussir : le métier que l'on fait, il faut le connaître comme des morts de faim et l'exercer comme des gens du monde."
Cesare Pavese
Febo est l'architecte de la boutique de Clélia, Rosetta ne travaille pas.
Antonioni en a fait le amiche.
Aujourd’hui comme hier, Antonioni aborde le problème du couple, de la solitude des êtres, de l’incommunicabilité.
ReplyDeleteJ'avais consacré naguère un billet à ce sujet.
http://leclownlyrique.wordpress.com/2009/08/13/quand-antonioni-nest-plus-%C2%AB-ennemi-de-la-chine-%C2%BB/