May 7, 2009

Egnatia

L'autre jour, dans un article quelconque, les mots: Via Egnatia. C'est la voie romaine qui allait de la côte Adriatique à Byzance, le corollaire moyen-oriental de la Via Appia. Assez pour avoir l'oeil qui rêve et, dans le placard, le soulier qui frétille.Mais il y a autre chose. Egnatia. Egnatia. C'est quoi ce truc? Pourquoi est-ce que ce mot m'est si familier, si personnel? Ça me tarabuste, sorti de l'enfance. Je pense à interroger mes soeurs quand hop, la Grande Roue de la Mémoire me crache la bille gagnante. Putain, le ferry. Après c'est facile.Il partait de nuit de Brindisi, et arrivait le matin à Corfou, Kerkyra de tous mes étés.Perdus en préhistoire presque, les temps moins hypocrites où un satyre pouvait servir de mascotte... (cliquer sur l'image pour mieux zy voir)
On a dû le prendre 3/4 fois, le Egnatia, entre 64 et 72, de Brindisi à Corfou, où ma grand-mère Lotte vivait la moitié de l'année. Lors de mon dernier voyage, elle avait comme d'habitude bourré sa bagnole de bulbes de fleurs, interdits d'importation, et nécessaires à son jardin. Elle riait, personne ne contrôle une vieille dame. Ces bulbes, elle les partageait avec un vieil architecte égyptologue fascinant qui vivait seul dans une maison de sa plume: à lui tout seul, il possédait une piscine remplie de nénuphars et de serpents d'eau, un arc zen qu'il pratiquait nu et un téléscope sur le toit. Nous, les gamins, avions l'autorisation d'y aller une fois, pour voir la lune, mais seulement à partir de 10 ans. Il n'avait pas grande patience pour les petits, nous disait-on. J'ai toujours relié ça à la seule autre chose que nous savions de lui: il avait perdu toute sa famille dans les camps. Trop petite, je n'y comprenais rien, et voyais ça comme un immense incendie.

(The map:Eric Gaba/Creative Commons Attribution ShareAlike 2.5 License.)

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