"... J'allais donc le lendemain m'asseoir sur une chaise au boulevard de Gand, afin d'y étudier le démarche de tous Parisiens qui, pour leur malheur, passeraient devant moi pendant la journée. Et ce jour là je récoltai les observations les plus profondément curieuses que j'ai faites de ma vie. Je revins chargé comme un botaniste qui, herborisant, a pris tant de plantes qu'il est obligé de les donner à la première vache venue. Seulement la Théorie de la Démarche me parut impossible à publier sans dix-sept cents planches gravées, sans 10 ou 12 volumes de texte et des notes à effrayer feu l'abbé Barthélemy et mon savant ami Parisot.
Trouver en quoi péchaient les démarches vicieuses.
Trouver les lois à l'exacte observation desquelles étaient dues les belles démarches.
Trouver le moyen de faire mentir la démarche, comme les courtisans, les ambitieux, les gens vindicatifs, les comédiens, les courtisanes, les épouses légitimes, les espions font mentir leurs traits, leurs yeux, leur voix.
Rechercher si les anciens marchaient bien; quel peuple marche le mieux entre tous les peuples; si le sol, le climat, est pour quelque chose dans la démarche.
Bref les questions jaillissaient comme des sauterelles! Sujet merveilleux!"
Et il se lance, Balzac le sublime, il s'envole dans les descriptions de toutes les démarches de tous les passants de ce jour au boulevard de Gand. En voici juste une, pour faire envie:
"il était pris dans sa cravate comme une pomme dans un ruisseau par un temps de gelée."
Jul 26, 2010
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