Presqu'au début du film, Cavalier se filme alors qu'il se regarde dans un miroir. Il dit:
mon dernier visage est arrivé. Sur le moment je le trouve prétentieux, dernier visage, qu'est-ce qu'il raconte? Un peu boursouflé, oui, mais plutôt bien conservé, comme on dit. (Grande spécialiste en derniers visages, moi-même, on dirait, on ne me la fait pas, j'ai suivi le cours intensif!) En rentrant je le google un peu, il aura 79 ans après-demain. Mille excuses, pas prétentieux (c'est moi qui, en fait ) juste coquet. Exorciseur du pire. Ça se comprend.
Longtemps on avance dans le film avant ce qu'il nous dise qu'elle était belle, son Irène défunte, sel, vin, danger. Encore plus loin, avant qu'il nous la montre. D'abord son sein, qui est un joli sein. Puis son visage, qui est extraordinaire. Son regard. Belle, et pas qu'un peu.
Juste avant, se demandant s'il allait faire jouer Irène par une actrice, il s'était dit :
est-ce que j'allais revenir à mes premières amours, les belles femmes intelligentes et vives qui rassurent la planète? Il s'était répondu : non.
Irène est Irène et point final
Ici, c'est Romy, avec Trintignant dans Le combat dans l'île, de 62, le seul film "commercial" de Cavalier que j'aie vu, il y a lurette. Ses premières amours. Belles, intelligentes et vives. Qui rassurent la planète, peut-être, mais ne savent pas comment se rassurer elles-mêmes.
Et quant à rassurer la planète... c'est mon ombre qui cause, bien sûr, mais j'ai de gros doutes. Pourtant qu'est-ce-que ça me rassurerait, moi, que ce soit vrai!