Mon oncle anthropologue me demande de l'aider à organiser les textes d'une publication sur son sujet d'élection, le karau des indiens Wayana, leur mythe de "l'homme perdu" et son animal d'inspiration, l'oiseau japim, une espèce de gros merle à cul jaune qui a deux particularités:
- il vit en symbiose avec des guêpes assassines (donc est courageux et malin)
- il imite à merveille une quantité d'autres bestioles, non seulement des oiseaux, mais aussi tapirs, sapajous, agoutis, et jusqu'à des poissons! ( il parle donc à tout le monde, est à l'aise partout, le monde lui appartient)."Quand le grand Dieu Tupan était triste, le japi chantait pour le réjouir et Tupan, un jour, l'envoya sur terre pour qu'il console les affligés par la vertu de son chant. Alors le japi chanta et tous les oiseaux se turent pour l'écouter. Or il arriva que le japi en vint à se remplir d'orgueil et par moquerie alla jusqu'à contrefaire les autres oiseaux, en conséquence de quoi ces derniers, vexés, ne chantaient plus. Mais Tupan, qui déteste l'orgueil, châtia le japi en ne lui permettant plus de retourner au ciel et en faisant en sorte qu'il oublie les belles mélodies que lui, Tupan, lui avait enseignées. C'est pourquoi aujourd'hui, chaque fois que le japi tente de se remémorer son chant, il utilise la voix des autres oiseaux"
Lorque je dis que ce japi, aussi polyglotte soit-il, a aussi perdu sa voix, la sienne propre, mon oncle me répond que ce pan d'interprétation n'a aucune pertinence.
Bon. Mais me voilà forcée de me demander si la zeroglottique passion ne serait pas génétiquement transmissible.
foto de o. mendes
(j'avais publié puis retiré ce post en juillet 2010. le revoilà)